Bertrand Gauguet - The Torn Map

BERTRAND GAUGUET - The Torn Map (Ear Training, 2013)
Bertrand Gauguet est principalement connu dans les musiques improvisées en tant que saxophoniste (alto & soprano), un très bon improvisateur sensible à l'acoustique en général (tant aux couleurs qu'à l'amplification et à la spatialisation). Mais parallèlement à cette activité instrumentale, Bertrand Gauguet compose également depuis 2000 des musiques électroniques en collaboration avec d'autres artistes, souvent extérieurs à la musique (chorégraphes, plasticiens, vidéastes, etc.).

The Torn Map est ma première rencontre je crois avec cette autre facette de Bertrand Gauguet. Aux premiers abords, ce n'est pas l'influence instrumentale qui frappe, mais plutôt celle des autre médias pour lesquels Gauguet compose généralement des musiques électroniques. On ressent régulièrement un manque de suffisance et de consistance, comme pour beaucoup des musiques composées pour d'autres médias, qui n'arrivent pas à se suffire sans le support de ces derniers. Les six pièces de ce disque paraissent dialoguer avec d'autres pratiques (danse, théâtre, vidéos, radio, etc.) qu'on ne voit pas, comme si ces pièces étaient les supports d'une performance inexistante, et le manque se fait ressentir malheureusement.

Ensuite, au-delà de cet aspect insuffisant (au sens où la musique ne paraît pas se suffire à elle-même et manquer d'autonomie), différents aspects sont intéressants. Comme dans sa pratique d'improvisateur-instrumentiste, Bertrand Gauguet s'intéresse ici à la spatialisation du son. A travers la texture, la durée et l'intensité du son, Bertrand Gauguet agit avec le son de manière plastique et/ou tactile, il agit sur le son comme sur une donnée spatiale et visuelle. La structure et les formes de ces compositions sont intéressantes à ce niveau, mais reste le contenu sonore en tant que tel, la matière sonore assez banale, qui me laisse plutôt indifférent...

(je parlais de six pièces, mais sept sont répertoriées, la septième étant seulement un titre qui n'existe pas sur le disque, une participation au projet de Matthieu Saladin intitulé there's a riot goin on)